Deux exercices d’écriture pour commencer à écrire une histoire
Entre le désir d’écrire et le texte achevé, il y a plusieurs étapes à franchir. Cet article les décortique pour que tu puisses commencer à écrire une histoire.
Cela démarre par s’assoir à une table, s’emparer d’un stylo ou d’un ordinateur et écrire. Ensuite, on recommence. Chaque fois que tu écris, reviens à cet esprit de débutant·e : assure-toi d’avoir en main les outils (stylo, papier ou ordinateur) avec lesquels tu es à l’aise d’écrire.
Mise en garde
Ne passe pas plus de temps au rayon papeterie qu’à ta table d’écriture !
Ici, c’est l’école de la pratique de l’écriture
Comme le tennis, plus on en fait, plus on s’améliore.
As-tu remarqué comme nous trouvons normal que les joueurs et les joueuses de tennis (ou de tout autre sport) s’entraînent plusieurs heures par semaine, mais pas les écrivain·e·s ? Faudrait-il que, dès que nous nous asseyons pour écrire, les mots coulent et que jamais nous ayons à réécrire ? Pensons-nous vraiment que d’autres y parviennent sans effort ? Et que, de ce fait, l’écriture ne serait pas pour nous car nous n’avons pas eu de déclic ?
Notre conception de l’écriture est en jeu ici. Notre conception de l’écriture et de nous-mêmes en train d’écrire. L’écriture se déploie uniquement lorsque tu choisis intentionnellement de lui accorder du temps. C’est là que les déclics se produisent. Pendant que tu écris.
L’écriture ne jaillit pas d’un talent providentiel
Au micro de France Culture, la neuroscientifique Samah Karaki décortique le processus créatif. Elle y parle de musique, d’écriture et démontre qu’il s’agit de compétences humaines, et non de talents mystiques. Notre cerveau, un organe mouvant, se nourrit du vivant, de nos expériences de vie et de nos observations quotidiennes afin de les recombiner en de nouvelles créations.
L’écriture n’est que cela : constituer un réservoir de matière première puis recomposer ce qu’on a collecté.
Pour comprendre ce mécanisme, écoute le podcast Votre cerveau, en particulier les six épisodes de dix minutes consacrés au processus créatif.
Étape 1 : collecte ta matière première
Exercice d’écriture 1 : Les premières pensées
Cet exercice nous vient de Natalie Goldberg, une autrice américaine qui enseigne l’écriture depuis plus de quarante ans.
L’élément de base de sa méthode est la séquence chronométrée. Tu peux choisir une période de dix, vingt minutes ou une heure ; à toi de voir. Au début, tu auras peut-être envie de commencer modestement et d’augmenter la durée au bout d’une semaine, ou bien tu voudras t’y plonger tout de suite pendant une heure. Cela n’a pas d’importance. L’essentiel est que tu t’engages pour toute la durée choisie :
- À garder le stylo en mouvement. L’interrompre, ce serait tenter de contrôler ce que tu écris.
- À ne rien raturer. Cela reviendrait à rédiger au lieu de t’exprimer, or tu veux à cette étape capter une image, un ressenti brut ou une intuition.
- À mettre de côté les questions de grammaire, d’orthographe ou de ponctuation.
- À te laisser aller complètement.
- À oublier la forme du texte, le sens logique.
- À aller droit au but !
Voilà les règles. Il est important que tu les suives, car le but est de percer le brouillard de ton esprit jusqu’aux premières pensées, jusqu’à l’endroit où l’énergie n’est plus freinée par les bonnes manières ni par ton censeur intérieur.
Maintenant que tu connais les règles, écris sur le sujet d’écriture de ton choix pendant dix, vingt minutes ou une heure.
Référence : Natalie Goldberg (1986), Pourquoi écrire va vous rendre heureux, traduit de l’américain par Fabrice Midal, Robert Laffont (Paris), 2021.
Voici pêle-mêle quelques propositions de sujets d’écriture :
(Si, pendant plusieurs jours, tu adoptes la méthode de la séquence chronométrée, alors ces sujets te mèneront aux tiens.)
- Le déménagement
Isole de cet événement un moment, un lieu ou un thème précis. Par exemple, revisite l’ancienne maison et montre ce que tu aimais le plus à cet endroit. Décris ton nouveau quartier, ce que tu y vois, ce que tu y fais. Parle d’un·e ami·e perdu·e ou d’un ami·e trouvé·e. La personne qui te relira devra ressentir ton émotion, pas parce que tu la nommes directement, mais par ta façon de manier les détails. Écris le vrai du vrai.
- Les arbres vivent plus longtemps que nous
- Sous terre, les fourmis ont des villes à elles
- Le dernier voyage en train
- Le moment où tu as eu l’un de tes plus grands fous rires
- Décris l’un de tes grands-parents
Vois-tu où je veux en venir ?
Il faut du temps pour que nos expériences passent à travers le tamis de notre conscience. Par exemple, il n’est pas facile d’écrire sur la ville dans laquelle on vient d’emménager. On n’a pas de recul. Alors prends le temps d’écrire et de franchir chaque étape de l’écriture.
Étape 2 : amorce ta première histoire
La pratique de l’écriture met progressivement au jour tes thèmes d’écriture.
L’écriture d’une histoire, d’un roman, d’une autobiographie et plus largement de tout livre ne viendra, dans un second temps, que parce que tu écris déjà, rassembles dans un carnet ta matière à écrire. Natalie Goldberg appelle ce processus : « faire du compost ».
Par exemple, il m’arrive d’écrire à plusieurs reprises sur le même sujet ou de recommencer de zéro l’écriture d’un même chapitre de roman. Jusqu’à ce que la matière soit mûre, que j’en aie cerné tous les enjeux et compris ce que j’avais de singulier à dire.
Tu écriras une histoire jusqu’à la fin, et même plusieurs,
si tu t’assures de cheminer par étapes et d’écrire d’abord de courtes histoires.
J’ai conçu les ateliers d’écriture de façon progressive.
Pour démarrer, les ateliers d’écriture Le départ ouvrent la porte de l’écriture.
Nous y apprenons à réfléchir à une histoire, puis à l’écrire de bout en bout.
Revenons aux débuts. Qu’est-ce qu’une histoire au juste ?
L’histoire témoigne d’une vision du monde. Elle met en relief les interactions entre un personnage et son environnement et prend sa source dans l’un des conflits que tu éprouves face aux événements de la vie. L’écriture de création découle de la capacité de réassembler et de réinterpréter ces événements, de poser sur eux un regard distancié et singulier.
Pour renforcer cette capacité, prête-toi à un second exercice d’écriture.
Exercice d’écriture 2 : La nécessité de l’histoire
Reprends l’un de tes textes précédemment écrits et demande-toi :
- Pourquoi me suis-je mis·e à écrire à ce sujet ?
- Qu’est-ce que je veux dire ?
- Quelle est mon histoire ? (Résume-la en quelques phrases.)
Écris comme si tu parlais à quelqu’un, c’est-à-dire le plus simplement possible, sans tournure alambiquée ni effet de style. Tu as cinq minutes pour lui parler de ta démarche.
L’objectif est de comprendre ce que tu as à dire et de l’assumer.
J’ai rendez-vous avec l’écriture. Avec une vibration d’enfant qui s’en va jouer. Fini le stress. Vers 16 heures et quelques, fière de moi, je repars. Riche d’une nouvelle histoire et une lumière dans les yeux.
Libérée du désir de perfection, je peux accueillir pleinement l’écriture dans ma vie.
Sarah Bigourdan sait créer l’environnement sécurisant nécessaire pour que nous nous laissions aller à écrire sans avoir peur des jugements. Mon expérience a été révélatrice.
J’ai rendez-vous avec l’écriture. Avec une vibration d’enfant qui s’en va jouer. Fini le stress. Vers 16 heures et quelques, fière de moi, je repars. Riche d’une nouvelle histoire et une lumière dans les yeux.
Libérée du désir de perfection, je peux accueillir pleinement l’écriture dans ma vie.
Sarah Bigourdan sait créer l’environnement sécurisant nécessaire pour que nous nous laissions aller à écrire sans avoir peur des jugements. Mon expérience a été révélatrice.
Sarah Bigourdan
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